Certaines optiques argentiques sont très recherchées en raison de leur spécificités uniques. C’est le cas de l’objectif Trioplan 100 mm F2.8 qui à l’origine, en raison d’un défaut de fabrication, produit un bokeh à effet « bulles de savon » unique. Et ce défaut en fait aujourd’hui sa force ! L’ancienne production devient rare à l’achat et donc est assez chère (autour de 500 euros sans garantie de bon fonctionnement). On les trouve en monture M42 et Exakta. Les photographes qui recherchent à sortir du lot s’y intéressent beaucoup à tel point qu’en 2018, une partie de la gamme de ces fameuses optiques est à nouveau fabriquée par OPC-Optics pour la plus grande satisfaction de ses fans !
En partenariat avec l’entreprise Opc-Optics que je remercie infiniment pour sa confiance, je possède trois objectifs de leur gamme actuelle : le Lydith 30 mm F3.5, le Biotar 58 mm F1.5 et le Trioplan 100 mm F2.8 dont je vais parler ici.
Vous pourrez découvrir toute la nouvelle gamme sur leur site avec la naissance du petit dernier le Biotar
Un peu d’histoire : Meyer Optik Görlitz
Fondée en 1896 en Allemagne, la compagnie se fait connaitre rapidement en tant que fabricant d’objectifs grâce au développement de la gamme Aristostigmat et Anastigmat. L’ascension se poursuit avec la prise de contrôle de l’entreprise « Shulze et Billerbeck », bien connue pour sa gamme d’objectifs Euryplan.
Entre 1920 et 1942, la collaboration avec le Dr Paul Rudolph ayant participé au développement de certains objectifs de Carl Zeiss Jena, donne naissance aux plus rapides objectifs jamais crées à l’échelon mondial. Dès 1930, Meyer Optik possède une large gamme d’objectifs interchangeables proposés moins cher que ceux du leader du marché Carl Zeiss Jena.
L’après-guerre signera la venue de l’Helioplan . A partir de 1952, la production des fameux Trioplan, Primoplan et Telemegor est lancée. L’entreprise sera récompensée à plusieurs reprises pour la grande qualité de ses produits. Après 1971, la marque Meyer Optik disparait au profit du regroupement avec l’entreprise Pentacon. Au milieu des années 80, l’entreprise Carl Zeiss Jena absorbe les deux. Mais l’équipement nécessaire à la production d’objectifs de qualité n’est plus possible en raison de la situation de l’Allemagne de l’est avec les états socialistes et pays de l’ouest jusqu’à 1989.
A la réunification des deux Allemagne, Meyer Optik reprend sa liberté et relance une production sous sa marque initiale. Mais cette renaissance sera de courte durée car la réunification économique (la Treuhand) lui fera mettre la clé sous la porte.
La marque revient sur le marché en 2014 pour à nouveau disparaitre en 2018 suite à la faillite de son repreneur. Fin 2018, OPC-Optics rachète les droits et relance la production en conservant toute la spécificité de la gamme et en améliorant la qualité pour le plus grand plaisir de tous les photographes recherchant des objectifs uniques !
le trioplan 100 mm F2.8 ii
Tout d’abord, l’objectif est livré dans un magnifique coffret noir laqué comme un bijou dans son écrin (photo de l’article).
Ses caractéristiques :
- Poids : 320-390 gr (selon la monture)
- Prix : 999 euros
- Angle de vue : 24°
- Longueur : 83-115 mm (selon la monture)
- Filtre : 52mm
- Diaphragme à 15 lames
- Ouverture F2.8 – F22
- Pare soleil circulaire de petite dimension
- Distance de travail minimum : 90 cm
« Dans sa nouvelle version, le Trioplan II propose une amélioration mécanique, ergonomique et un revêtement de la lentille permettant de créer les meilleures images réalisées de tous les temps avec le Trioplan. Le réglage de l’ouverture a été optimisé ainsi que la qualité de la netteté (Meyer Optik Görlitz) »
Il est disponible avec une grande gamme de montures.
Le Trioplan est un objectif idéal pour le portrait, la proxi.
Premières impressions
A l’ouverture du colis, je suis très impressionnée par la qualité et la beauté du packaging ! Un premier emballage en carton souple noir et blanc laisse découvrir une belle boite noire en carton rigide. Lorsque l’on enlève le couvercle, le pan avant de la boite s’ouvre pour laisser apparaitre un coffret noir laqué avec la marque gris argenté inscrite au dessus. A l’intérieur, l’objectif est préservé dans un écrin en mousse à l’aspect de velours au dessus. On retrouve à côté le pare-soleil. Le coffret est livré avec des cartes postales d’images réalisées avec leur gamme d’objectifs. Jamais je n’ai reçu avec autant de plaisir de si beaux bijoux dans leur écrin !! Bref, si vous voulez me faire plaisir, offrez moi un bijou Meyer !
A la prise en main, l’objectif tout en métal démontre une belle qualité de conception. Son poids de moins de 400 gr est un atout indéniable pour ceux qui cherchent à alléger leur sac photo. Les bagues d’ouverture et de mise au point sont souples et sans clics ; les réglages devraient être faciles et précis.
LE TRIOPLAN 100 MM SUR LE TERRAIN
Il faut savoir que n’ayant aucun contact électronique, cet objectif est entièrement manuel et ne vous permettra pas de retrouver vos données Exif sur vos clichés. Les clichés ont été réalisés avec un Nikon D7500.
Après quelques essais et une recherche optimale de la lumière, je réalise ce cliché de lys. Les bagues d’ouverture et de mise au point sont en effet d’une grande précision.
Ce fameux bokeh « bulles de savon » donne des ronds parfaits, doux à l’intérieur et fortement marqués sur le pourtour.
Pour obtenir l’effet tel qu’il est présenté ici, il faut travailler à pleine ouverture (F/2.8) et le sujet doit être proche de la distance minimum de mise au point. L’arrière-plan doit présenter évidement de la lumière et être contrasté.
Idéalement, placez vous à 1 mètre de votre sujet et choisissez un arrière-plan contrasté en couleur comme des arbres ou buissons dans lesquels la lumière perce. Cet arrière-plan doit se situer entre 3 et 10 mètres de votre position.
L’objectif peut-être utilisé avec des bagues allonges qui en s’approchant du sujet multiplieront les bulles de savon en arrière-plan.
En fermant le diaphragme à F/4, le pourtour de la bulle est moins marqué mais l’effet reste toujours aussi magique avec un très bon piqué au centre.
Pour un piqué optimal généralisé, il sera nécessaire d’avoir une ouverture entre F/8 et F/11.
Le Trioplan en portrait
A grande ouverture afin de magnifier le bokeh, on remarque un manque de contraste évident. Cela peut tout à fait être corrigé en post-traitement.
Toutefois, cette douceur et effet vintage sont aussi la marque déposée de cet objectif ! Personnellement, je préfère l’image d’origine mais tout est une question de goût.
Conclusion
Après quelques mois d’essais, le Trioplan II 100 mm F/2.8 coche toutes les cases ! La qualité est au rendez-vous depuis le splendide coffret de rangement, la solide conception du matériel jusqu’à l’originalité des images. Cet objectif est fait pour les photographes cherchant à sortir des sentiers battus en apportant des clichés créatifs et originaux. Je n’ai pas testé le modèle d’origine mais en tous cas cette version II va bien au delà de mes attentes en termes de qualité et d’originalité ! Avec un encombrement minimum et un poids léger, il est toujours présent dans mon sac photo. Sachez également que le Trioplan se décline dans une version 50 mm et tout récemment en 35 mm. Le seul bémol peut être est son prix mais les objectifs autour des 1000 euros courent largement les rues à l’heure actuelle et ceci n’arrêtera pas certains photographes en quête d’unique.
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Bonjour Françoise,
Avec une monture Nikon, il fonctionnera sur un D500 (DX) ? Avez-vous testé levers et couchers de soleil ? Photos nocturnes ?
Bonjour Dominique,
Oui il fonctionne sur un D500 avec la bonne bague d’adaptation M42 si vous avez un ancien modèle (ou bague exakta…) et directement si vous choisissez la version II fabriquée actuellement.
En ce qui concerne la photo de paysage ou nocturne, j’ai le 100 mm qui n’est donc pas adapté à ce type de photo. Je l’utilise en portrait et proxi.
Pour le paysage, il faudrait le modèle 35 mm qui sera un 50 mm sur APS-C….
Cordialement
Françoise
Bonjour Françoise,
Merci pour cet article. Mon avis personnel concerne cette (trop) jolie boîte. J’aurais préféré un bel étui de transport ! Qu’en pensez-vous ?
Bonjour Jean-Paul,
Effectivement ! A l’ouverte du colis, la beauté de la boite surprend et comme je l’ai dit on dirait un bijou dans son écrin. Je ne m’étais jamais vraiment posé la question…mais concrètement, il est vrai que la boite n’a plus vraiment d’utilité par la suite et un étui de transport serait le bienvenu ! Merci pour cette remarque.